Nous avons quitté le répit que nous a apporté l’île de Phu Quoc en direction de Chau Doc, une ville frontalière sur le fleuve Mékong. Après une traversée en bateau sans histoire, trois heures de bus local nous attendaient. Une odeur bien connue régnait dans l’engin désuet. Une odeur que l’on reconnaîtrait parmi mille odeurs. Une odeur que l’on sent sur l’autoroute Dufferin à Québec lorsque le vent souffle de l’est. L’odeur de la fumée de l’usine de papier qui inonde les voitures, la Daîshowa! C’est l’autobus de la Daïshowa qui nous mènerait à destination!
Comme c’est souvent le cas dans les transports collectifs au Vietnam, le bolide est bondé. Bondé de monde, de touristes surtout, et de bagages. Les quatre vélos des Hollandais sur le toit, leurs valises répartis en dessous de chaque banc, le surf de l’Américain dans l’Allée, avec les valises des Français par-dessus et, par-dessus tout ça, les bancs rétractables sur lesquels les Français, qui ont embarqué in extremis, sont assis. Ajoutez à cela la circulation dense pendant tout le trajet, ce qui s’accompagne inévitablement d’un incessant vacarme de klaxons. Dur retour à la frénésie vietnamienne. Tout notre repos des derniers jours foutu en l’air.
Mais si ce n’était que ça, le problème serait beau. Le chaos, la pollution, le bruit, on aurait pu s’y faire à la longue. À notre troisième nuit à Chau Doc, à l’aube de partir vers Can Tho, il est une heure du matin, on se réveille les deux simultanément. La cause : d’intenses crampent abdominales qui allaient nous terrasser pendant douze heures avant de s’atténuer, sans toutefois disparaître, au cours des deux jours suivants. Et à la clé, toutes (toutes, toutes) les conséquences d’une intoxication alimentaire/tourista/gastro-entérite formule améliorée. On vous épargne les détails croustillants qui, finalement, étaient tout… sauf croustillants. Contactée par courriel, notre pharmacienne Annie, voulant nous remonter le moral, nous a proposé de trouver quelque chose de positif à cette épreuve. Voilà! Aujourd’hui, nous sommes plus en mesure de comprendre les douleurs de l’accouchement, c’est sûr que ça doit ressembler à ça! Merci Annie!
Tellement intense, qu’on en vient à se dire qu’on n’est pas fait pour voyager en Asie, pire, qu’on n’était pas prêt pour repartir après seulement trois mois chez nous. Alors, dans la détresse du moment, on a acheté des billets d’avion pour rentrer au Québec, pour deux jours plus tard. Il ne nous reste plus qu’à retourner en bus à Ho Chi Minh Ville, prendre l’avion et se trouver de nouveaux projets à Québec.
Le problème c’est que six heures de bus, c’est long, assez long pour regretter notre décision précipitée et irréfléchie. Comment a-t-on pu ruiner tous les efforts qu’on avait faits pour réaliser notre rêve de partir autour du monde? Nous réalisions que le Vietnam, voire l’Asie du sud-est, n’était pas notre destination de prédilection. Mais pourquoi mettre une croix sur tous nos autres projets, la Nouvelle-Zélande, l’Europe, l’Amérique du sud? Nous étions déçus. Déçus de nous.
À notre arrivée à notre chambre dans la métropole vietnamienne, nous entreprenons, sans trop de convictions, de chercher un moyen d’annuler notre achat. Comble de chance, un problème c’est glissé lors du paiement par carte de crédit, si bien que la transaction n’a pu être effectuée. Ouf! Heureusement, parce que pendant nos interminables réflexions d’autobus, nous avions déjà fait de nouveaux plans. On se disait que ce serait une bonne idée d’aller faire un tour en Australie pour quelques mois avant de se rendre en Nouvelle-Zélande comme prévu. Nous avons immédiatement acheté nos billets pour Sydney et ainsi changé diamétralement le cap de notre voyage! À nous l’Australie!
2014-02-24